La fête de l'Escalade est annulée en 2020. Est-ce que cette manifestation avait déjà été annulée par le passé ?

Réponse

Bonjour,

Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :

Dans un ouvrage intitulé Les mascarades oubliées de l’Escalade, Henri Roth fait, dans le chapitre 1, un intéressant rappel de la longue histoire des célébrations de l’Escalade qui commencèrent dès 1603 :

« En décembre 1603 déjà s’affiche la dichotomie entre deux formes de célébrations. D’une part s’institue la tradition de se réunir à l’Eglise. Le lundi 12 décembre 1603, le peuple est convoqué de bon matin dans les temples […]. D’autre part apparaissent des chansons dédiées à la victoire ainsi qu’un premier banquet d’anniversaire destiné aux Genevois qui avaient été blessés ou s’étaient distingués durant la bataille. […] Dans la foulée, des familles décident de marquer chaque année la victoire de 1602 par des agapes. »

On y apprend également qu'« Afin d’encourager la population à assister aux prédications, l’Eglise obtient en 1631 que le 12 décembre soit un jour férié. »

Aujourd’hui, l’Escalade n’est plus un jour férié. Henri Roth montre que l’Escalade fut célébrée avec constance depuis lors, oscillant entre célébration religieuse et fête populaire et familiale, voire, dès 1670, par des mascarades dans les rues.

Entre 1798 et 1813, Genève est annexée à la France, « L’occupant interdit la fête de l’Escalade en 1798. » Mais celle-ci persiste dans le cadre privé.

Au moment de la Restauration, l’Escalade est alors célébrée avec une vigueur retrouvée le 12 décembre 1814 selon un témoin de l’époque, Marc-Jules Suès, dont le journal est cité par Henri Roth :

« On a fait l’Escalade tout autant et de la même manière qu’autrefois, et il y a eu beaucoup de déguisés dans les rues hier et aujourd’hui. »

Quant au défilé historique, il apparaît au début du 20e siècle, en 1902, à l’occasion du tricentenaire de l’Escalade. L’histoire de ce premier cortège a fait l’objet d’une plaquette par Danielle Buyssens et Corinne Walker, La Belle Escalade de 1902 :

« C’est dans la foulée de cette puissante autocélébration patriotique [l’Exposition nationale à Genève en 1896] que naît en 1898, l’Association patriotique genevoise pour la rénovation de l’Escalade. Son horizon sera celui du 3e Centenaire, dont le programme sera bouleversé par la grève des tramways, devenue la première grève générale de Suisse, en octobre 1902, obligeant à repousser le grand cortège historique au printemps. »

La Compagnie de 1602, qui organise le défilé historique et des animations en ville, a été fondée en 1926 pour perpétuer le souvenir de l’Escalade. Sur son site, on trouve un communiqué de presse du 1er octobre 2020 qui annonce la suppression de la manifestation de cette année :

« Les annulations de cette célébration sont très rares. Il faut remonter au début du XXe siècle pour constater un report. En 1902, le renvoi du défilé du tricentenaire de l’anniversaire de l’Escalade avait été décidé par le Conseil d’Etat dans un climat de grève générale des "traminots" de la CGTE. Le grand cortège avait finalement eu lieu le 1er juin 1903. Trente ans plus tard, le Conseil d’Etat a pris, à nouveau, la décision d’annuler le grand cortège de l’Escalade suite aux événements dramatiques du mois de novembre 1932 [Fusillade de Genève]. Contrairement à la fois précédente, il n’y eut aucun cortège destiné à remplacer celui du mois de décembre. »

Nous apprenons en lisant le Journal de Genève du 12 décembre 1932 que « Les fêtes de l’Escalade ont eu, cette année, un caractère simple et digne. La mascarade ayant été supprimée – bien peu de personnes se sont plaintes de cette suppression – les cérémonies commémoratives organisées samedi après-midi et dimanche ont connu la grande foule, celles de dimanche surtout. » Puis plus loin nous pouvons encore lire ceci :

« M. Robert Vettiner donne lecture, d’une voix forte, de la proclamation suivante adressée à la population genevoise par la Compagnie de 1602 : "Cette année, comme à chaque fois aux jours endeuillés de son histoire, Genève renonce à célébrer l’Escalade par des réjouissances populaires bruyantes. - Genève, douloureuse convalescente, ne saurait, comme naguère, en belles et joyeuses ribambées, parcourir les rues aux son de chants d’allégresse. [...]"»

Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.

Cordialement,

La Bibliothèque de Genève

Pour www.interroge.ch

  • Dernière mise à jour 11/03/2021
  • Vues 137
  • Répondu par Isabel Guerdat

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