Comment dit-on "Genève" ainsi que "ville de Genève" en patois genevois et en latin ?

Réponse

Bonjour,

Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :

Concernant tout d'abord le patois genevois, voici ce que nous lisons dans la préface de l'ouvrage La chanson de l'Escalade de Genève : texte avec version en patois genevois moderne et commentaire philologique d'Oscar Keller disponible en ligne sur le site e-Rara, le portail pour les imprimés numérisés des institutions suisses :

« Du XVIe siècle jusqu’au début du XIXe, Genève a produit une littérature patoise relativement riche ; de cette floraison trois textes seulement ont formé l’objet d’éditions critiques : ce sont d’abord le Placart de Jacques Gruet, un des plus anciens (1547), et Les Cris de Genève, qui compte parmi les plus récentes (XVIIIe s.). Tous deux ont été édités par M.J. Jean-Jaquet dans le Bulletin du Glossaire des Patois de la Suisse romande. Le troisième est la Chanson de l’Escalade, qui date du commencement du XVIIe s. et se place donc chronologiquement entre les deux autres textes; elle a été publiée par E. Ritter en 1900. Sans être définitive, cette édition est tout au moins basée sur la comparaison de plusieurs imprimés originaux et constitue ainsi la meilleure version que nous possédions actuellement du Cé qu’è lainô. »

Nous lisons plus loin encore « La plus importante constatation ressortant de la comparaison du texte agen. avec la version moderne c’est que le parler genevois n’a plus guère changé depuis le commencement du XVIIe siècle. »

Voici ce que nous avons pu trouver dans ce texte basé sur la chanson de l'Escalade : Zeneva se dit pour Genève et vella pour « ville ». En ce qui concerne « ville de Genève » nous ne saurions vous répondre.

On trouve sur le site des revues suisses en ligne e-Periodica de nombreux documents sur le patois genevois également. Ainsi par exemple, le Nouveau conteur vaudois et romand a publié en 1954 la fable Le rat des villes et le rat des champs en patois genevois Le rat de velle et celi de la campagne et dont voici les premières lignes :

« Y avet na viola on rat de Zeneva
Qu’en invita io de Vezena, »

Le document Recherches sur le patois de Genève de Eugène Ritter (disponible en ligne dans Google livres) fournit des informations intéressantes sur le patois genevois :

« Qu’est-ce qui caractérise le patois et le sépare de ce parler populaire dont Humbert a fait le glossaire [Nouveau glossaire genevois de Jean Humbert] ? Ce sont essentiellement deux points : la phonétique et la conjugaison des verbes. Entre les mots patois et les mots français correspondants, il y a des différences phonétiques qui se classent en séries régulières […]. »

Nous n'avons trouvé d'autres manières de désigner Genève ou d'utiliser le mot « ville » dans ces documents. Mais vous apprendrez dans ces divers documents que les études sur le patois sont complexes.

Concernant le latin, nous trouvons les traductions suivantes, « ville » en latin se dit civitas, dans le sens de cité et « ville de Genève » se dirait civitas genevensis.

Nous pouvons évoquer notre réponse à la question « Quelle est l'origine du nom "Genève" ? » disponible dans nos archives en ligne et dans laquelle nous citions l’article Genève, des origines à la formation de la cité épiscopale d’Alfred Dufour paru dans le document Histoire de Genève :

« La première fois que le nom de Genève paraît dans l'histoire, c'est sous la plume d'un des plus célèbres historiens et hommes politiques romains, celle de Jules César. […]
Si c'est bien avec ce texte de la Guerre des Gaules qu'elle entre dans l'histoire, il s'en faut de beaucoup cependant que Genève - Genua, vocable probablement d'origine illyrienne ou ligure (à l'instar de Gênes, de Mantoue et de Padoue) et faisant référence à la proximité de l'eau (genusus = fleuve en illyrien) - ne date que de l'époque romaine. […]
"Genève est la dernière bourgade des Allobroges et la plus proche de l'Helvétie. De cette bourgade un pont donne accès au pays des Helvètes" (Extremum oppidum Allobro-gum est proximumque Helvetiorum finibus Genua. Ex eo oppido pons ad Helvetios pertinet) - la mention de Genève par Jules César en 52 av. J.-C. est importante à plus d'un titre. Elle ne constitue pas seulement, en effet, la première apparition de Genève dans un document écrit de l'histoire universelle ; elle situe en même temps les cadres géographiques et économiques, ethniques et institutionnels de l'essor de Genève. »

Elle prendra plus tard le statut de cité civitas, comme l’indique le chapitre III. De l'Empire romain au royaume des Burgondes :

« Genève partagera désormais, sur le double plan administratif et religieux, la destinée des villes romaines de la République et de l'Empire. Elle passera ainsi, à la faveur des bouleversements suscités par les premières invasions des Alamans (260-277 apr. J.-C), qui l'obligent à se replier sur la Haute Ville à l'intérieur d'une enceinte restreinte, et dans le cadre du démembrement de la "cité" de Vienne, du rang de bourg (vicus) à celui de "cité" autonome (civitas) à la fin du IIIe siècle de notre ère (avant 280). »

Le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS) en ligne comporte une entrée au mot Civitas qui nous apprend ce qui suit :

« Lorsque les Romains conquirent dès le IIe s. av. J.-C. des terres hors d'Italie, ils entrèrent en contact avec des tribus indigènes contrôlant des territoires plus ou moins vastes. Afin de s'implanter, l'administration romaine utilisa le cadre de ces différents états-tribus indigènes. Civitas (pluriel civitates), "cité", désigne en latin une tribu indigène organisée et son territoire, puis sa transformation en unité administrative sous contrôle romain. La civitas représente donc une unité territoriale, essentiellement rurale et de dimensions variables; elle est dirigée par le chef-lieu, la bourgade principale. Le terme s'applique aussi à la communauté politiquement organisée qui réside sur ce territoire. Cette structure assura, par le biais de l'administration et de l'urbanisation, l'intégration progressive des populations indigènes dans le système romain. Au terme du processus, au Bas-Empire, civitas prend ― en Gaule notamment ― le sens général de "ville".

Le territoire qui constituera ultérieurement la Suisse comprenait plusieurs civitates, correspondant à diverses tribus indigènes. »

Au sujet de Genève, nous lisons dans ce même article :

« Le vicus de Genève dépendit jusque sous Dioclétien de la civitas de Vienne. Il fut promu au rang de cité (civitas Genavensium) lors des réformes administratives des dernières années du IIIe s. apr. J.-C. »

Nous retrouvons cette même appellation dans l'Encyclopédie de Genève en ligne dans le chapitre : Genève et son réseau :

« Vienne devient, au IIIe siècle, le siège d'une province, la Provincia Viennensis. C'est à cette époque également que Genève passe du simple rang de vicus à la dignité de cité qui est, dans l'organisation romaine, un échelon intermédiaire, subordonné à la province et ayant à sa tête une ville. La naissance de la Civitas Genavensium était, jusqu'à ces dernières années, datée de 379 environ, contemporaine d'une promotion semblable, dévolue à Cularo qui, prenant le nom de son bienfaiteur l'empereur Gratien, devenait Gratianopolis (Grenoble). »

Mais nous trouvons également, sur le site des Musées d'art et d'histoire (MAH), cette vue panoramique de Peter Schenk datant de 1702, conservée par le Cabinet d'arts graphiques, qui indique l’appellation Civitas genevensis.

Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.

Cordialement,

www.interroge.ch

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  • Dernière mise à jour 11/03/2021
  • Vues 159
  • Répondu par Isabel Guerdat

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