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Bonjour,

Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :

Un Catalogue d'exposition de la collection Prinzhorn au Musée d'art et d'histoire (MAH) de Genève, édité en février 1930, est parfois mentionné. Toutefois, ce document n'est répertorié dans aucun catalogue de bibliothèques en Suisse ou à l'étranger.

L'annonce Musée d'art et d'histoire, parue le 16 janvier 1930 dans le Journal de Genève, donne les dates exactes de l’exposition : « L'exposition sera ouverte du jeudi 16 janvier au dimanche 16 février [1930]. » Elle est présentée ainsi : « Le Musée d'art et d'histoire présentera au public genevois, à partir du jeudi 16 janvier, une curieuse exposition de peintures, de dessins, de sculptures et de broderies qui ont été exécutés par des malades d'esprit. La majeure partie de cette collection provient de l'Institut de psychiatrie de Heidelberg ; d'autres documents ont été aimablement prêtés au Musée d'art et d'histoire par MM. les Drs R. Weber et Ladame, de Genève. Il est sans doute inutile de dire l'intérêt de ces œuvres et de justifier leur présence dans un musée consacré à l'art et l'histoire. Si les médecins verront en eux des exemples instructifs de cette extériorisation graphique qu'ils ont souvent étudiée d'ans les maladies mentales, les historiens et les critiques d'art n'oublieront pas les étroits rapports qui unissent l'art et la pathologie et que trahit souvent l'œuvre de maint artiste génial. »

Le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS) a consacré une entrée à Charles Ladame. On y lit notamment que que « Jean Dubuffet le rencontre lors de son voyage en Suisse en 1945: leur communauté de vue sur ce qui allait s'appeler l'art brut décide Ladame à faire don d'une quarantaine d'œuvres signées notamment Robert Gie, Julie Bar, Jean Mar, Joseph Heu et Berthe U. Elles allaient constituer l'un des noyaux de la Collection de l'art brut de Lausanne. »

Michel Thévoz, dans son article La Collection de l'Art Brut : histoire d'un anti-musée, paru en 1995 dans la revue Art + architecture en Suisse, explique la création du musée de l’Art Brut à Lausanne par Jean Dubuffet : « Le conservateur du Musée d'ethnographie de Genève, Eugène Pittard, va le mettre en contact avec le professeur Charles Ladame, qui dirige l'Asile-Clinique de Bel-Air à Genève, et qui y avait constitué un petit musée de la folie. Tous deux s'entendent si bien sur la manière d'envisager ces œuvres que le professeur Ladame finira par offrir à Jean Dubuffet, pour sa collection, une quarantaine de dessins les plus significatifs, qui resteront groupés sous la dénomination de "Cabinet du Docteur Ladame". »

En consultant les archives de la presse genevoise de l'époque, on trouve quelques autres références à cette exposition :

Au Musée d'art et d'histoire – article paru le 15 janvier 1930 dans La Tribune de Genève.

Musée d'art et d'histoire : art et pathologie – article paru le 18 janvier 1930 dans Le Courrier.

Les conférences - Musée d'art et d'histoire – annonce d'une conférence de de Charles Ladame parue le 3 février 1930 dans le Journal de Genève.

Une exposition d'œuvres exécutées dans des établissements d'aliénés – article paru le 7 février 1930 dans La Tribune de Genève avec 4 œuvres de la collection du professeur Ladame reproduites.

L'art et les maladies mentales – annonce d'une conférence de Charles Ladame parue le 27 mars 1930 dans le Journal de Genève.

L'art et les maladies mentales – paru le 10 mars 1931 dans le Journal de Genève revient sur une conférence donnée par Charles Ladame, à l’Université en 1931.

Lucienne Peiry cite cette exposition, à la page 11 de son livre Charles Ladame ou le cabinet fou d'un psychiatre : « […] II participe activement à la grande exposition avant-gardiste organisée par Waldemar Deonna, présentée au Musée d'Art et d'Histoire de Genève en 1930 et intitulée L'art et les maladies mentales, dessins, peintures, sculptures, broderies. Une trentaine d'œuvres de ses patients figurent dans cette présentation hors du commun, aux côtés de travaux issus de la Collection de l'Hôpital psychiatrique de Heidelberg et de celle du Dr Weber, ancien directeur de l'Asile-Clinique de Bel-Air, à Genève.
La presse genevoise et romande rend compte de l'exposition qui aura même des échos dans quelques journaux étrangers à Paris, Bruxelles et au Caire. La présentation sera loin de faire l'unanimité, elle sera en général mal accueillie et suscitera parfois l'indignation […]. »

Armand Brulhart, dans le tome 1 de son livre 2 siècles de psychiatrie à Genève, 1800-2000, mentionne, à la page 190, cette exposition : « […] Lorsque Waldemar Deonna accueillit la collection Prinzhorn au Musée d’Art et d’Histoire en février 1930, il demanda au Dr. Weber et à Ch. Ladame de lui prêter leur collection personnelle afin d’enrichir l’exposition par un volet "genevois". » D’après la note no 151, le catalogue de l’exposition de 1930 se référait à la collection Prinzhorn plutôt qu’à Ladame.

Nous nous sommes orientés vers les archives de Waldemar Deonna, qui n’ont pas encore été inventoriées en détail. Dans la description du fonds Waldemar Deonna il est écrit :

« La série E contient les dossiers (correspondance, catalogue et photographies) des expositions temporaires organisées par la section des Arts appliqués du Musée d'Art et d'Histoire de 1922 à 1989. » Notre collègue, Maelle Rigotti, archiviste du centre documentation et recherche du MAH, nous suggère que vous pourriez contacter les Archives de la Ville de Genève, où sont déposés ces documents et de regarder dans les dossiers sur les expositions du MAH – Arts appliqués de 1930.

Nous avons également contacté les archives centrales des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Ces derniers nous ont répondu qu’ils n’ont pas d’archives concernant cette exposition. Quelques dessins de patients psychiatriques se trouvent dans leur fonds « écrits de patients » (soumis au secret professionnel), mais on ne peut pas savoir s’ils étaient autrefois exposés, par Charles Ladame ou dans un autre contexte. Quant aux tableaux volumineux, le chargé des collections ArtHUG pourrait vous indiquer s’ils ont été intégrés dans leur collection.

Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.

Cordialement,

La Bibliothèque d'art et d'archéologie

Pour www.interroge.ch