Quelle est l'histoire de l'œuvre, le "Canon de la Paix" se trouvant à la place des Nations et représentant un canon noué ?
Quelle est l'histoire de l'œuvre, le "Canon de la Paix" se trouvant à la place des Nations et représentant un canon noué ?
Réponse
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Dans l’ouvrage L'héritage de Gustave Revilliod, paru sous la direction de Fréderic Elsig et Isabelle Naef Galuba, nous lisons ce qui suit dans le chapitre Pour avoir la paix ? Œuvres et monuments dans le parc de l’Ariana d'Hélène Gerster :
« Un groupe de militants pacifistes conduit par René Brandenberger (né en 1950) offrit à la Ville de Genève le Canon de la Paix ou Frieden. René Brandenberger acheta pour réaliser la sculpture un vieux canon à l’intendance du matériel de guerre à Bure, dont il noua le bout auquel il fixa une roue avant de locomotive. […] Brandenberger offrit son œuvre, symbolisant pour lui la paix, à la Ville de Genève […] le 15 octobre [1983] ».
L'article Un canon désarmé devant l'ONU ?, publié le 6 octobre 1995 dans le Journal de Genève, indique encore :
« Ce canon a été offert en 1983 à la Municipalité genevoise à l'occasion d'une conférence sur le désarmement. »
Toujours selon l'ouvrage précité, l’œuvre était pensée pour être exposée devant le Palais des Nations :
« L’artiste laissa le soin au magistrat de trouver une place adéquate pour le Canon de la Paix, toutefois il émit le souhait qu’il soit placé devant le Palais des Nations. […] Ne souhaitant pas créer un précédent diplomatique en déposant en pleine guerre froide un canon proche de la porte d’entrée du Consulat d’URSS (situé au bord de l’avenue de la Paix), le Conseil Administratif renonça à ces options […]. Finalement il fut installé en 1984 dans le jardin de l’ancien pavillon du désarmement qui jouxte le Palais Wilson sur le quai du même nom. »
Comme nous l'apprennent les mémoriaux du Grand Conseil genevois en ligne, entre 1994-1995, deux pétitions – Pétition : Sauvons le Canon de la paix Frieden ! (P 1056) et Pétition concernant le canon noué de la paix "Frieden". (P 1075) – furent déposées afin d’exposer le canon là où il aurait toujours dû l’être : près du Palais des Nations. Voici ce qui est rapporté de la séance du jeudi 21 septembre 1995 à 17h :
« Cette sculpture est un cadeau de l'artiste René Brandenberger, de Mollis, dans le canton de Glaris, offert à Genève à l'occasion de la conférence sur le désarmement de 1983. L'artiste avait émis le souhait que son œuvre soit placée devant le Palais des Nations. Elle fut momentanément installée dans le parc du Palais Wilson puis transférée en 1994 dans les entrepôts de la maison Jaquet, au moment où débutèrent les travaux de la future maison de l'environnement. Depuis cette date, le canon noué a fait une brève incursion à l'extérieur pour être exposé au Salon du livre en mai 1995 (coût du transport : 700 F). […] René Brandenberger s'exprime sur la manière d'implanter Frieden près du Palais des Nations, et il précise notamment qu'il ne s'agit pas que le canon noué soit placé sur un piédestal, bien au contraire. Son implantation devrait suggérer l'idée de disparition progressive : "Ça veut dire que la base du canon devrait être couverte avec de la terre. Par conséquent, seulement les parties au-dessous seront couvertes avec les roses (ou même des autres plantes comme vous voulez)". »
Selon Hélène Gerster, dans le même chapitre de l’ouvrage cité précédemment, la décision fut prise en 1995 grâce à ces pétitions :
« Ces pétitions furent signées par deux cent cinquante personnes et la requête fut entendue. La donnée géopolitique ayant radicalement changé, le canon "symbole de paix" était devenu une sculpture moins polémique. L’œuvre fut installée sur la partie Est de la place des Nations dans la seconde moitié des années 1990. »
L'article du Journal de Genève précise par ailleurs :
« Le "Comité que les canons se taisent" et deux organisations non gouvernementales veulent installer un canon désarmé, baptise Frieden, devant le siège européen des Nations Unies pour le 24 octobre, date anniversaire du cinquantenaire de la première Assemblée générale. »
Le Rapport de gestion du Conseil administratif à l'appui des comptes édité en 1997 et disponible sur le site des archives du Conseil municipal, donne les indications suivantes à propos de la pose du canon à sa place actuelle :
« En 1996, l'architecte permanent, 5 architectes en fin de droit de chômage, ainsi qu'une stagiaire de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne ont étudié 30 dossiers, sous la direction du responsable d'atelier, parmi lesquels 2 ont été suivis de réalisations, soit le parking d'échange du plateau de Frontenex (coût des travaux 40 000 francs) et la pose du "Canon de la Paix" à la place des Nations (coût des travaux 4 000 francs). »
Cette œuvre de René Brandenberger n'est pas sans rappeler l'œuvre Non-violence de l'artiste suédois Carl Fredrik Reuterswärd. Elle représente un revolver noué et connait de nombreuses répliques et déclinaisons à travers le monde. Une d'entre elles se trouve devant le siège des Nations Unies à New York et une autre à Lausanne. En 2022, une copie avait été exposée sur l'île Rousseau à Genève dans le cadre de la biennale Sculpture Garden, comme le rapportait la Tribune de Genève le 5 septembre 2022.
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque d'art et d'archéologie
Pour www.interroge.ch