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Bonjour,

Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :

Le document en lien avec l'exposition de 2019 Ceci n’est pas une carte au Musée du Léman nous apprend ceci :

« Il existe plusieurs témoignages certifiant qu’un monstre vivait autrefois dans le Léman. En 1883 par exemple, trois bateliers jurent avoir vu près de Thonon une sorte de serpent aquatique mesurant plus de 12 mètres de long. Des battues sont organisées. Elles permettent la découverte de traces de 7 à 8 centimètres de large allant de l’eau jusqu’à la végétation située sur la rive. Réalisé par le savant Louis Jurine, le dessin présenté ici montre que la légende du monstre du lac intriguait les scientifiques. Il s’agit d’un dessin représentant une omoplate d’une taille gigantesque trouvée dans le lac en 1814 (l’os dessiné à droite pour donner l’échelle est une omoplate de cheval). Louis Jurine a pris beaucoup de soin à dessiner cet os qui, on le sait aujourd’hui, provenait d’un cétacé. »

Sur la fiche descriptive de ce dessin, dans les collections en ligne du Musée du Léman, nous trouvons le texte de l’époque : « Omoplate Trouvé dans le Lac de Genêve en 1814. Annotation concernant la représentation ; Cet Os Monstrueux pèse 60 livres, il est extrêmement sain, il a la dureté et l’aspect de l’ivoire ; c’est avec beaucoup de peine qu’on en a scié un morceau dans l’endroit le plus mince. On avait aussi sorti du Lac de Genève quelques années auparavant un humérus d’une grosseur prodigieuse qui se raccordait parfaitement avec la tête de l’omoplate dont on voit la face horizontale dessinée au dessus de l’omoplate. On a aussi dessiné, pour servir d’échelle naturelle, l’omoplate d’un cheval, sur le coté de la feuille. »

Toutefois, la description du Musée du Léman est plus pragmatique : « Dessin d'une omoplate soi-disant trouvée dans le Léman en 1814 réalisé par le médecin et naturaliste Louis Jurine. La découverte de cet "os monstreux" selon Jurine a été relatée dans plusieurs journaux, notamment Le Conservateur impartial et L'indépendant: journal général, politique, littéraire et militaire. Toujours selon Jurine, la tête de cette omoplate "se raccordait parfaitement" avec "un humérus d’une grosseur prodigieuse" également trouvé dans le lac quelques années auparavant. Le dessin de Jurine comprend aussi une omoplate de cheval pour donner l'échelle. Selon les connaissances scientifiques d'aujourd'hui, il apparaît évident que cette omoplate ne pouvait provenir que d'un cétacé et que comme il n'y a jamais eu de cétacé dans le Léman, Louis Jurine a certainement été victime d'un canular. »

En 2018, une sculpture d'une dizaine de mètres de long, propriété du Musée du Léman, et représentant ce « monstre du Léman » avait été installée pour l’été sur les quais de Nyon. L’article en lien avec cette installation – Le Monstre du Léman veille sur le port de Nyon – et publié le 30 avril 2018 dans la Tribune de Genève, revient sur ces « observations » faites en 1883 :

« Si le lac n'a pas de monstre aussi célèbre que celui du loch Ness, quelques observations de bêtes remarquables parsèment l'histoire des eaux lémaniques. Ce fut le cas en 1883 à l'embouchure de la Dranse à Thonon-les-Bains. Trois bateliers rapportent avoir aperçu un serpent aquatique d'environ 6 mètres de long avançant dans de lentes ondulations.

La presse de l'époque donne écho à cet événement. Sitôt, des recherches sont lancées pour mettre la main sur l'étrange animal. En vain.

Le Journal de Genève rappelle alors qu'il ne s'agit pas d'une première. Une bête aux allures similaires aurait été observée en 1215 dans la même commune, semant la terreur sur la rive. Le reporter conclut, non sans témérité, que "le serpent de 1883 est probablement le même que celui de 1215". Avec plus de recul, Lionel Gauthier estime pour sa part que les trois bateliers n'étaient certainement pas en possession de tous leurs moyens quand ils ont observé le monstre de 1883. »

Vous pouvez retrouver les articles parus à l’époque dans les archives en ligne du Journal de Genève. On trouve plusieurs articles en octobre et en novembre 1883 montrant que cette histoire était devenue un véritable feuilleton dans ce journal :

Un premier article paraît le 26 octobre 1883 dans la rubrique Faits divers. C’est dans celui-ci qu’on fait référence aux observations de 1215. Cette histoire a une suite dans l’édition du 30 octobre 1883.

Le 31 octobre 1883 le Journal de Genève reprend un article paru dans la Feuille d’avis de Vevey sur le sujet. Enfin, le dernier article à son sujet est apparemment paru le 6 novembre 1883.

La Tribune de Genève, de son côté, a également relaté l’affaire et signale dans son édition du 26 octobre 1883 que c’est le Journal de Genève qui « entretient ses lecteurs de la fameuse histoire du grand serpent lacustre. »

Une partie de la presse vaudoise de l’époque était plus sceptique, voir critique envers ce « feuilleton » du Journal de Genève comme le montre cet article paru le 2 novembre 1883 dans le Nouvelliste vaudois et que vous pouvez lire dans la base de données des archives de presses vaudoises Scriptorium :

« Depuis quelques temps, le J. de Gen. raconte des histoires à dormir debout sur un serpent monstrueux qui viendrait se promener dans les environs de Thonon. Le serpent serait gros, à en juger par ses descriptions […]. Il n’est pas nécessaire de savoir son histoire naturelle pour faire justice de ces absurdes racontars. La légende du gros serpent existe partout dans nos campagnes […] mais nous ne comprenons pas comment un organe sérieux peut feindre un instant de croire à l’existence d’animaux fantastiques, inconnus des savants et que personne n’a jamais pu seulement apercevoir. […] Le Journal fait le jeu de quelques mauvais plaisants ou de quelques ignorants. »

Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.

Cordialement,

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