À quel couvent fait référence le nom de rue chemin du Pré-du-Couvent à Chêne-Bougeries ?

À quel couvent fait référence le nom de rue chemin du Pré-du-Couvent à Chêne-Bougeries ?


Réponse

Bonjour,

Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :

Le site Noms géographiques du canton de Genève donne les explications suivantes pour la signification du « chemin du Pré-du-Couvent » :

« Aucun couvent n'ayant jamais existé sur le territoire de Chêne-Bougeries, nous devons supposer que ce nom évoque les possessions rurales d'un des couvents que comptait Genève avant la Réforme ; à moins qu'il ne s'agisse de celles d'un couvent savoyard établi dans la région. »

Armand Brulhart et Erica Deuber-Paul nous en apprennent plus sur ces possessions dans leur ouvrage Ville et Canton de Genève. A la page 274 et suivante, nous pouvons lire sur la commune de Chêne-Bougeries qu’il n’y a pas à proprement parler de couvent :

« Les plus anciennes traditions du lieu figurent dans les legs d’Agnès de Faucigny en 1262 et se rapportent à la maladière du Quercus (chêne). Cet établissement destiné aux lépreux possédait une chapelle Saint-Marie-Madeleine dépendant de l’église de Thônex. […] Le reste de la région était en "bougeries", c’est-à-dire en broussailles, taillis, pâturages et marécages. En 1301, un partage entre le couvent genevois de Saint-Victor et le Chapitre de la Cathédrale [de Genève] fixa les limites de la perception de leurs dîmes sur le territoire : un grand chêne, probablement situé sur la rive droite de la Seymaz, servit de repérage dans l’acte et perpétua le nom du lieu [Chêne-Bougeries]. 

La campagne militaire de la Réforme fut l’occasion pour Genève de revendiquer les terres de Saint-Victor et du Chapitre. […] Le mode de développement du territoire chênois fut préparé sous l’occupation bernoise, entre 1536 et 1567, par la mise en fiefs des biens ecclésiastiques et hospitaliers, qui furent vendus à des particuliers ou conservés à la seigneurie. »

Pierre Bertrand, dans son ouvrage Chêne-Bourg 1869-1969, ajoute :

« [En 1301] les possessions du Chapitre [cathédrale de Genève] et celles du couvent de Saint-Victor s’imbriquaient souvent de manière compliquée dans les villages […]. L’une de ces limites part du grand chêne (a magna querçu) de Chêne (de chaygnu), puis tend obliquement vers l’Arve, descend son cours jusqu’aux Crêts-de-Champel et tend vers le couvent de Saint-Victor (sur les actuelles Tranchées). Du couvent, par le chemin de Belle-Rue (début de la route de Chêne jusqu’à Villereuse), on tend jusqu’au dit grand chêne. Dans l’espace ainsi délimité, le prieur et les moines de Saint-Victor percevront les dîmes, tant présentes que future. »

Le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS) consacre une entrée à l'église de « Saint-Victor ».

Le site Noms géographiques du canton de Genève précise également ceci, dans la fiche sur le « chemin des Bois-de-Saint-Victor » à Cartigny :

« Le prieuré de Saint-Victor de Genève était un couvent situé aux environs de l'église russe actuelle (Rue Rodolphe-Toepffer). Il fut fondé vers l'an 1000 et fut dédié à Saint-Victor, un officier romain martyrisé et finalement décapité en 308.

En 1534, la destruction du couvent est décidée par la ville. Les terrains ayant appartenu au prieuré ont cependant gardé le nom de Saint-Victor. »

Le Centre d'iconographie de notre bibliothèque fournit également les informations suivantes dans la fiche consacrée à l'Infirmerie du Prieuré :

« En 1964, le Prieuré déménage à la Gradelle (Chêne-Bougeries). [...] Dès 2011, les bâtiments sont reconstruits pour faire place à l’ensemble intergénérationnel "Le Nouveau Prieuré" inauguré le 15.09.2016. [...]

Adresse historique [...] 1964: Chêne-Bougeries, rue du Pré-du-Couvent 3 ».

Pour aller plus loin, nous vous suggérons la lecture des articles de Louis Blondel Le Prieuré Saint-Victor : les débuts du christianisme et la royauté burgonde à Genève, publié en 1958 dans le Bulletin de la SHAG : revue annuelle de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, et celui de Jean Pierre Magnin Bonivard, prieur de Saint-Victor : étude historique et littéraire, paru en 1876.

Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.

Cordialement,

La Bibliothèque de Genève

Pour www.interroge.ch

  • Dernière mise à jour 27/03/2024
  • Vues 0
  • Répondu par

FAQ Actions

Est-ce que cela vous a aidé ? 0 0

Commentaires (0)