Je cherche des informations sur l'histoire de la « street photography »
Je cherche des informations sur l'histoire de la « street photography »
Réponse
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Pour commencer, nous vous proposons une définition de la Street Photo, il en existe plusieurs, à vous de choisir celle qui vous correspond le mieux.
Dans le billet Le guide de la street photography, paru en 2021 sur le blog StreetPhotography.fr, nous trouvons la définition donnée par Susan Sontag :
« Le photographe est une version armée du promeneur solitaire qui découvre, traque, sillonne l’enfer urbain, le promeneur voyeuriste qui découvre la ville comme un paysage d’extrêmes voluptueux. Adepte des joies de regarder, fin connaisseur de l’empathie, le flâneur trouve le monde ”pittoresque”. »
Le site Photo Corneloup, définit la Street Photography, plutôt comme « un courant de la photo. Il s’agit de photos prises ”sur le vif” dans un lieu public. Les photos sont ”candides” (non mises en scène), et impliquent une présence humaine que celle-ci soit directe ou suggérée. [...]
Dans son livre "La photo de rue par l’exemple" (éditions KnowWare, 2019), Philippe Blayo précise que, même si la définition de la photo de rue est fluctuante, elle répond généralement aux critères suivants :
- Des images candides (non mises en scène donc)
- Réalisées dans un lieu public
- Dans lesquelles sont impliqués des individus, de façon directe ou indirecte (photos impliquant une présence humaine directe ou suggérée)
- Témoignant d’une activité réelle ou supposée
- Ne portant pas de message à dimension sociale ou politique (à la différence d’une photo documentaire ou engagée). »
L’ouvrage Images de la rue : photographies américaines des années 1940-1960, Collections du Fonds national d'art contemporain montre bien ce genre d’art : « Ce commerce intense avec le réel est favorisé par l’apparition dans les années 30 des appareils 35 mm de petit format, avec des objectifs interchangeables, et notamment du Leica dont Cartier-Bresson faisait un usage magistral. Son style simple, direct, libéré des lourdeurs techniques, a certainement contribué au développement de la ‟Street photography”. »
Mais la vraie éclosion aura lieu : « Entre les années 40 et la fin des années 50, un ensemble de photographes invente une nouvelle histoire de la photographie dont les rues de New-York sont l’épicentre. Les principaux protagonistes se nomment : Lisette Model, Helen Levitt, Bruce Davidson, Louis Faurer, Robert Frank, William Klein et Diane Arbus. L’historienne Jane Livingston a réuni ces photographes dans les années 80 sous l’appellation "École de New-York", incluant les sensibilités aussi différentes que Weegee et Richard Avedon […]. Si la photographie de rue est certainement redevable de la tradition documentaire et sociale des années 30, les photographes de l’École de New-York n’en resterons pas à une approche descriptive de leur sujet. […] Il ne s’agissait pas d’aller à la rencontre de "l’autre", placé dans une position d’extériorité, ni de témoigner d’une condition sociale, mais plutôt d’aller à la rencontre de soi-même. La photographie ne s’envisageait pas comme un métier, ni un art, mais comme un mode vie, un rapport au monde. »
Toujours dans le même ouvrage, nous pouvons encore lire que « Robert Frank publiait à Paris (en 1958) et à New-York (1959) Les Américains. “L’importance de ce livre tient à ce que, rejetant les images accomplies et autonomes de Cartier-Bresson, il utilise les moins résolues pour les organiser en groupe denses et significatifs“ [...]. »
Enfin, on peut dire que : « “La Street Photography‟ a évolué en zone de porosité mêlant différentes traditions entre le Bauhaus de Chicago et l’École de New-York […]. Si l’on peut encore voir de très belles photographies des années 60 et 70, très peu laissent percevoir cette charge émotionnelle, cette voix rauque et discordante, cette urgence à révéler la poésie anonyme du monde qui ont marqué les moments forts de l’École de New-York. »
Le catalogue de l’exposition des Rencontres de la photographie d’Arles de 2016 dit à propos de la photographie de rue : « L’espace urbain comme terrain de jeu. Dès son origine, les photographes pratiquent la photographie de rue. Depuis quelques années, on assiste à un nouvel essor du genre. »
Pour aller plus loin, nous vous proposons les ouvrages suivants :
Quelques ouvrages autour de l’histoire de la Street Photography :
- Bystander : a history of Street Photography paru sous la responsabilité de Colin Westerbeck et Joel Meyerowitz
- Usages de la photographie : vérité et croyance : documents, reportages, fictions paru sous la responsabilité de Daniel Grojnowski
Quelques photographes de rue typiques :
Robert Frank - Les Américains
Eugène Atget - Petits métiers et types parisiens vers 1900 : Atget, Géniaux, Vert
Sabine Weiss - Les villes, la rue, l'autre
Walker Evans - Catalogue publié sous la direction de Clément Chéroux à l'occasion de l'exposition au Centre Pompidou, Galerie 2, du 26 avril au 14 août 2017, et au San Francisco Museum of Modern Art du 23 septembre 2017 au 4 février 2018
Brassaï - Le flâneur nocturne paru sous la responsabilité de Sylvie Aubenas et Quentin Bajac
Saul Leiter - Rétrospective 1923-2013 paru sous la responsabilité de Margit Erb et Michael Parillo
Louis Stettner - Ici ailleurs paru sous la responsabilité de sous la direction de Clément Chéroux et Julie Jones
Evelyn Hofer – Dublin paru sous la responsabilité d'Andreas Pauly and Sabine Schmid
Women street photographers paru sous la direction de Gulnara Samoilova
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque d'art et d'archéologie
Pour www.interroge.ch