Au début de la révolution industrielle en France, des personnes pensaient que les us et coutumes allaient disparaître. Je cherche des informations à ce sujet

Au début de la révolution industrielle en France, des personnes pensaient que les us et coutumes allaient disparaître. Je cherche des informations à ce sujet


Réponse

Bonjour,

Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :

Pour commencer, il convient de dater la « révolution industrielle » en France et son implication sur les courants intellectuels de l’époque. Lucien Febvre, dans son ouvrage Nous sommes des sang-mêlés : manuel d'histoire de la civilisation française signale, à la page 197, une première innovation technologique de type industriel : « le marquis de Jouffroy d’Abbans, qui le premier fit évoluer sur le Doubs, en 1776, un bateau à vapeur » mais sans suite véritable puisque « le développement industriel a été […] beaucoup plus lent en France qu’en Angleterre » et il parle de « seconde révolution industrielle » à partir de 1880.

Sur l’influence de la révolution sur la pensée, l’Encyclopédie Universalis, dans son article « France (histoire et institutions) : le temps des révolutions », mentionne que « l'ensemble des phénomènes bientôt réunis sous l'appellation de "révolution industrielle" pesa d'ailleurs lourdement sur l'évolution des cultures […] dès les années 1830 ». Et plus loin « Éperonné par les conséquences de la disparition de la société d'ordres de l'Ancien Régime, un puissant sentiment d'illisibilité de la société se diffusa alors, qui eut pour conséquence tout autant une véritable anxiété de l'avenir que la volonté de comprendre les évolutions en cours. »

Nous trouvons également dans La modernité désenchantée : relire l'histoire du XIXe siècle français d'Emmanuel Fureix et François Jarrige une description des préoccupations intellectuelles de l’époque : « Le XIXe siècle est obsédé par les catégories. Pris dans le mouvement de l’histoire et déconcertés par l’opacité du monde social, les contemporains cherchent désespérément à fixer, classer, ordonner, hiérarchiser. »

Ceci alimenta une volonté de comprendre et de collecter des informations sur les sociétés qui donna lieu à de nombreuses recherches. Les sociétés savantes sont décrites par Camille Mazé dans La fabrique de l'identité européenne : dans les coulisses des musées de l'Europe comme se donnant « pour tâche de reconstituer les antiquités nationales à partir des vestiges que l’on peut encore trouver dans la culture populaire. »

Par exemple, l’Académie celtique, précurseur de ce type de recherches, qui tint sa séance inaugurale le 30 mars 1805 (9 Germinal an XIII) publiera 5 volumes de Mémoires, qui ont été republiés dans Aux sources de l'ethnologie française : l'Académie celtique. Nicole Belmont, dans son introduction à l’ouvrage nous dit : « Pour la première fois en France, des savants, érudits, écrivains, se rassemblent en se donnant pour tâche de recueillir les traditions, les coutumes, les usages, les langues locales en raison de leur intérêt propre et avant leur disparition supposée. ». Elle précise le projet de l’Académie en citant également le tome I (1807) des mémoires : « réunir et faire converger en un point toutes connaissances locales des langues, des monuments et des usages pour les comparer et les expliquer. »

À la disparition de l’Académie celtique, « certains des membres se regroupent pour fonder la Société royale des Antiquaires de France, qui publie un premier volume de mémoires en 1817. »

On peut citer également la Société pour l’étude des langues romanes à Montpellier. Léon-Gabriel Pélissier dans son discours à l’occasion des trente ans de la Société (dès la page VIII et disponible dans la bibliothèque numérique Gallica) parle d’ « une société qui essaie d’être savante, et ne veut être que cela. ». Plus loin, « les fondateurs de notre Société, Charles de Tourtoulon, Cambouliù, Anatole Boucherie, Montel, Paul Glaize, dirent expressément qu’ils la constituaient […] pour étudier dans ses origines, dans ses monuments anciens, dans ses divers dialectes actuels, cette langue du Midi qui avait perdu ses titres de noblesse, […]. »

À la fin du 19ᵉ siècle enfin, on trouve également la Société des arts et traditions populaires, fondée en 1885, animée par Paul Sébillot, dont l’objectif, cité par Marcelle Bouteiller dans l'article L’œuvre et les collections folkloriques de Lionel Bonnemère (1843-1905) : membre de la Société des traditions populaires, paru en 1966 dans la revue Arts et traditions populaires, est « l'étude et les publications de l'ensemble de la littérature orale, en y comprenant les superstitions, les anciennes coutumes et tous les sujets qui se rattachent à ces questions. »

Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.

Cordialement,

La Bibliothèque du Musée d'ethnographie de Genève

Pour www.interroge.ch

  • Dernière mise à jour 18/04/2024
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