Pouvez-vous me renseigner sur l'histoire du panorama Bourbaki qui était exposé à Genève dès 1881 et sur la raison de son déménagement à Lucerne en 1889 ?

Pouvez-vous me renseigner sur l'histoire du panorama Bourbaki qui était exposé à Genève dès 1881 et sur la raison de son déménagement à Lucerne en 1889 ?


Réponse

Bonjour,

Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :

Sur le site du Panorama Bourbaki, nous trouvons des documents retraçant l’histoire de cette peinture. Dans la 4e partie intitulée Les fresques historiques à l’huile ou la concurrence de l’art et du commerce : Le peintre Edouard Castres et la création du panorama, nous pouvons lire ceci concernant la genèse de cette œuvre :

« Le producteur de panoramas Benjamin Henneberg demande à Edouard Castres de peindre un grand panorama représentant l’internement. Ce dernier prend tout son temps pour réaliser les études nécessaires à l’exécution de cette immense toile. Il commence des études approfondies en 1876 mais ne réalise le tableau qu’en 1881 à Genève avec une équipe de peintres – dont Ferdinand Hodler qui sera célèbre plus tard – en quatre mois seulement. Pour reproduire les esquisses sur la grande toile, il utilise la technique du quadrillage. Des échafaudages mobiles sont utilisés pour suspendre, peindre, nettoyer ou remplacer le tableau panoramique. ». Vous pouvez voir dans ce document des illustrations de ces échafaudages et de l’équipe de peintres.

La chronique historique 1881 Edouard Castres peint des ambulances dans la neige, parue le 18 avril 2016 dans la Tribune de Genève, revient sur le contexte de la création du panorama et apporte des informations sur le bâtiment abritant le panorama à Genève :

« […] Edouard Castres s’est engagé comme bénévole de la Croix-Rouge française, aînée de deux ans de la société suisse. Il est aux Verrières au moment du passage des Français et ne peut s’empêcher de faire des croquis. […] "Une ambulance internationale par un temps de neige" (1872) est l’une des huiles peintes par Castres d’après ses croquis faits aux Verrières.
Une idée commerciale vient alors à l’entrepreneur genevois Benjamin Henneberg, marbrier dans le quartier de la Jonction. Il veut présenter à Plainpalais un panorama représentant la retraite des Bourbakis aux Verrières. Il en confie l’exécution à Edouard Castres. L’artiste s’entoure d’amis peintres, dont Ferdinand Hodler, quinze ans plus jeune que lui. Le bâtiment destiné à abriter la peinture circulaire est confié à Jacques-Elysée Goss, l’architecte du Grand Théâtre et du Palais Wilson (ancien Hôtel National). Situé à proximité de la rue du Diorama, il a été démoli avant 1900 et son porche d'entrée a orné par la suite la Poste du rond-point de la Jonction, puis la place des XXII-Cantons.
De 1881 à 1889, le panorama de Castres fait le bonheur des visiteurs à Plainpalais. A cette époque, un lieu comparable vient d’être réalisé à Lucerne pour y montrer une représentation de la bataille de Sempach. Celle-ci n’ayant pas été réalisée, les vaincus des Verrières et leurs ambulances prennent sa place. On les y admire encore aujourd’hui. »

Le Centre d'iconographie de la Bibliothèque de Genève (BGE), possède dans ses collections une aquarelle de 1882 reproduisant la rotonde abritant le panorama à Plainpalais. La notice d’accompagnement nous apprend ceci :

« La rotonde du panorama, édifiée en 1880 au boulevard de Plainpalais (actuellement Georges-Favon) par l'architecte Jacques-Elysée Goss et l'entrepreneur Benjamin Henneberg, formait un polygone d'un diamètre au sol de 38 à 40 mètres et était couverte d'une toiture en zinc. Elle permettait de voir une toile monumentale montrant l'entrée en Suisse aux Verrières (Neuchâtel), le 01.02.1871, des soldats du général Bourbaki. L'exécution de cette œuvre de 1500 m2 est confiée à Edouard Castres qui conduit une équipe de huit peintres locaux dont Frédéric Dufaux, Louis Dunki, William-Henri Hébert, Gustave de Beaumont, Ferdinand Hodler. Cette peinture est transférée à Lucerne en 1889 où elle se trouve toujours. »

Le 28 septembre 1881, le Journal de Genève publiait un article suite à la visite de ce panorama le jour de son inauguration le 24 septembre 1881. La description détaillée faite par le journaliste nous permet de nous faire une idée précise d'une visite de la rotonde.

Nous retrouvons d’ailleurs, en souvenir de cette rotonde, une rue du Diorama. Nous pouvons lire sur le site Noms géographiques du canton de Genève, à la page consacrée à cette rue, ceci : « Dans cette rue se trouvait le bâtiment où étaient exposées les toiles immenses formant un panorama. On y vit longtemps, restitué avec réalisme, le passage de l'armée Bourbaki aux Verrières. Le diorama est un système de présentation par mise en situation ou mise en scène d'un modèle d'exposition (un personnage historique, fictif, un animal disparu ou encore vivant à notre ère...), le faisant apparaître dans son environnement habituel. »

Comme l’indique la Tribune de Genève dans son article que nous avons cité précédemment, le porche d'entrée a été conservé. Il a dès 1907 orné la poste du rond-point de la Jonction comme vous pouvez le voir sur cette photographie de 1986 sur le site NotreHistoire.ch. Depuis 1988, ce porche se trouve à la rue Necker vers la place des XXII-Cantons, comme vous pouvez le voir sur cette photographie conservée par le Centre d'iconographie de la BGE. Une plaque rappelle l’histoire de ce monument : « Porte d’entrée du panorama de Plainpalais (1880) – Jacques Elysée Goss (1839-1921). Construit en 1880 et démonté en 1897, ce portique a été reconstitué l’année suivante au Rond-Point de la Jonction où il a servi successivement d’entrée du panorama et, dès 1907, de porte d’un bureau de poste. »

Concernant la raison pour le déménagement du panorama à Lucerne, le document retraçant l’histoire de cette peinture cité en début de réponse indique ceci :

« Mais il n’est pas facile d’attirer le public, le panorama Bourbaki en fera l’expérience. Après quelques années de présentation à Genève, le nombre de visiteurs recule. Le succès commercial est menacé. L’entrepreneur Henneberg décide de conquérir un nouveau marché : Lucerne. Il fait construire une nouvelle rotonde pour le panorama en 1889 dans cette ville en plein essor touristique et transporte le panorama de Genève à Lucerne. Pour le transport, la grande toile est enroulée sur un cylindre de bois et clouée sur la couronne de suspension dans le nouveau bâtiment. »

Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.

Cordialement,

www.interroge.ch

Service de référence en ligne des bibliothèques de la Ville de Genève

  • Dernière mise à jour 18/04/2024
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