De quelle maladie souffrait Napoléon III à la fin de sa vie ?
Réponse
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
En 2009, Daniel Grasset, Professeur honoraire d'urologie à la faculté de Médecine de Montpellier, a publié, dans le Bulletin de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier, sa conférence La pierre de Napoléon III dans laquelle nous pouvons lire ceci :
« "Tant qu’il y aura des hommes, il y aura des calculs". Par cette formule lapidaire, René Küss, éminent urologue, soulignait le caractère éternel du développement insolite dans les voies urinaires de calculs, que l’on désignera longtemps sous l’appellation de gravelle ou de pierres avant de leur attribuer le nom plus savant de lithiase. De fait, l’histoire de la lithiase urinaire se confond avec la nuit des temps et n’a jamais cessé d’accompagner l’évolution de l’humanité. [...]
De ce point de vue, l’histoire de la pierre de Napoléon III représente un cas d’école. [...] »
Le chapitre La maladie de l’Empereur et sa prise en charge médicale nous décrit en détail la maladie dont souffrait Napoléon III jusqu'à son décès :
« Napoléon III ne semble avoir présenté aucune manifestation urinaire avant son accession au trône. On ne trouve aucune trace orale ou écrite permettant de suspecter une telle atteinte. Ce n’est qu’en 1853 que, pour la première fois, sur un rapport de police tenu secret on note l’information suivante à propos des ennuis de santé de l’Empereur : "c’est la vessie qui parait être l’organe particulièrement en cause". [...]
A partir de 1864 les accidents urinaires s’intensifient par leur fréquence et leur gravité, indiscutablement favorisés par les stations prolongées à cheval inhérentes à la fonction impériale : campagnes militaires (Italie en 1859), revue des troupes à l’occasion des grandes fêtes nationales, assistance aux grandes manœuvres du camp de Châlons, participation aux chasses d’automne à Compiègne. [...]
Quoi qu’il en soit, Germain Sée [chef de service au grand hôpital de la Charité] réunit autour de lui, le 2 juillet 1870, un conseil de consultation comprenant, outre lui-même, les Professeurs Auguste Nélaton et Philippe Ricord ainsi que les Docteurs Lucien Corvisart et Henri Conneau. Après avoir examiné l’Empereur, ils rédigent un rapport médical dans lequel ils mentionnent le renouvellement depuis plus de trois ans de crises douloureuses avec urines sanglantes et purulentes évoquant une cystite calculeuse. [...]
Napoléon III réside à Chislehurst, dans la banlieue de Londres. La vie plus apaisée que lui impose sa retraite et notamment l’absence d’obligation de monter à cheval expliquent l’espacement des crises urinaires. Le 9 décembre 1872 il reçoit des partisans venus de France lui proposer une reconquête du pouvoir. Il préfère, avant d’arrêter sa décision, aller s’entretenir avec son fils, le prince Eugène, qui habite à Woolwich et de s’y rendre à cheval, ce qui lui permettra de tester la stabilisation de sa maladie. Mais, dès le lendemain de son départ, le 11 décembre, il présente une crise hyperalgique avec fièvre, hématurie et pyurie. Deux médecins appelés en urgence, William Gull et James Paget, sondent l’Empereur, évoquent le diagnostic de lithiase vésicale et conseillent de le confier au meilleur spécialiste anglais en la matière, le Professeur Henry Thomson. [...]
Napoléon III informé de sa véritable maladie qui, jusque là, lui avait été totalement cachée s’exclame : “si j’avais su que j’étais atteint de la maladie de la pierre, je me serais fait opérer”. Aussi accepte-t-il l’intervention que lui propose Henry Thomson, à savoir une lithotritie (broiement du calcul par un instrument métallique introduit dans la vessie par l’urèthre avec évacuation par sonde vésicale du gravier résultant de la lithotritie). [...]
Le 2 janvier 1873, une première séance de lithotritie est réalisée qui ne permet d’obtenir qu’une fragmentation partielle du calcul vésical avec évacuation sans problème des fragments broyés. Une deuxième séance est pratiquée le 6 janvier avec, lors de l’évacuation, blocage dans l’urèthre d’un fragment dont l’extraction s’avère laborieuse avec, pour conséquences, un allongement du temps opératoire au-delà du délai d’efficacité de l’anesthésie et l’installation d’une nouvelle crise associant douleurs exacerbées, hématurie, pyurie et fièvre. Le principe d’une troisième séance est retenu pour compléter l’ablation du calcul, mais reporté après l’apaisement de la crise. Mais l’état du patient s’aggrave et Napoléon III décède le 9 janvier, dans sa soixante quatrième année, non sans avoir prononcé ces derniers mots à son inséparable ami le Docteur Conneau : "tu étais à Sedan, Henri, nous n’avons pas été des lâches, n’est-ce pas ?".
Le 10 janvier 1873 est pratiquée l’autopsie de l’Empereur qui confirme la présence d’un calcul vésical résiduel de 6 cm de long, fragmenté en deux morceaux et dont l’aspect macroscopique permet d’évoquer la nature phosphatique. On constate aussi l’existence d’un adénome prostatique de petit volume mais rétrécissant fortement le col vésical et des voies urinaires très distendues avec destruction du rein gauche et souffrance majeure du rein droit. Ce qui permet d’émettre l’hypothèse d’une insuffisance rénale de pronostic fatal à plus ou moins brève échéance. »
Vous trouverez des biographies sur Napoléon III aux Bibliothèques municipales de la Ville de Genève.
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
Service de référence en ligne des bibliothèques de la Ville de Genève